Athiémé, 29 novembre 2025 — Ce samedi, sur la terre de ses ancêtres, le député Léon Comlan Ahossi, figure de proue du parti d’opposition Les Démocrates, a posé un acte politique qui pourrait reconfigurer la dynamique de la présidentielle de 2026. Devant une foule venue célébrer la naissance du mouvement Les Ambassadeurs de Romuald Wadagni, l’élu a prononcé un discours dense, assumé et profondément personnel pour officialiser son soutien au candidat de la mouvance présidentielle, Romuald Wadagni, en duo avec la vice-présidente Mariam Chabi Talata.
Une prise de position inattendue dans un paysage politique encore largement polarisé.
Un acte de rupture personnelle et de fidélité à des principes
Dès l’ouverture de son allocution, Léon Comlan Ahossi campe le ton : celui d’un homme politique qui privilégie la fidélité à ses convictions plutôt que la stricte discipline partisane. Il dit être venu à Athiémé pour « prendre à témoin » ses ancêtres et le pays tout entier, affirmant que son choix procède d’un engagement cohérent avec ses valeurs.
Son soutien public à Romuald Wadagni, annoncé dès août dernier, a suscité incompréhensions et critiques, y compris au sein de son propre parti. L’élu confie que cette période a été éprouvante, notamment pour ses enfants, auxquels il présente publiquement ses regrets. Malgré cela, il assure avoir agi en toute lucidité : « Je l’ai fait sans remords… et je l’assume. »
Une lecture nuancée de la période écoulée et un pari sur un nouvel équilibre
Tout en observant que la gouvernance sortante n’a pas répondu à toutes les attentes, le député prend soin de distinguer le bilan du régime actuel de la personnalité du candidat qu’il soutient. Il clarifie ainsi une interrogation fréquente : comment un opposant peut-il appuyer un ministre issu de l’équipe en place ? Sa réponse se veut pragmatique :
« Wadagni n’est pas Talon. Wadagni n’a jamais été Président de la République. »
Pour Léon Comlan Ahossi, il est important de reconnaître qu’avoir collaboré à une action gouvernementale n’équivaut pas nécessairement à incarner sa continuité. Il rappelle par ailleurs que la vie politique béninoise connaît régulièrement des passerelles entre différents camps, et qu’il serait excessif de disqualifier toute personnalité ayant servi sous un gouvernement antérieur.
L’appel à une coalition trans-partisane autour du duo Wadagni–Talata
Le député Ahossi dépasse le cadre d’un soutien individuel pour appeler à un rassemblement large autour de Romuald Wadagni, convaincu qu’une alternance constructive reste possible. Il prône une approche qui valorise le consensus, la responsabilité collective et l’ouverture.
Selon lui, la période qui s’ouvre doit permettre d’installer une gouvernance attentive aux aspirations citoyennes, fondée sur l’écoute et la transparence. À cet égard, il affirme avoir obtenu du candidat un engagement clair : celui de servir dans la retenue, l’humilité et la proximité avec les populations. Et il promet d’être l’un de ceux qui veilleront à ce que cet engagement soit respecté.
Les Ambassadeurs de Wadagni : un mouvement de veille et de contribution
Le mouvement lancé à Athiémé se veut un espace de soutien mais aussi de vigilance. Ahossi insiste : il ne s’agit pas de suivre une candidature de manière automatique, mais d’accompagner l’éventuel futur chef de l’État avec un regard exigeant et constructif.
L’ambition affichée est de bâtir un cadre où les citoyens, militants et acteurs politiques pourront contribuer par leurs idées, leurs analyses et leurs conseils aux grandes orientations nationales.
Un moment fort : l’appel à l’unité nationale
Le discours s’est achevé sur une note hautement symbolique. Dans un élan solennel, Léon Comlan Ahossi a invité la foule à se lever pour proclamer : « Enfants du Bénin, debout ! ». Un appel qui dépasse le cadre partisan pour embrasser la dimension patriotique du rendez-vous.
Un tournant dans la campagne 2026
En assumant publiquement son soutien à Romuald Wadagni, Léon Comlan Ahossi devient à ce stade l’un des acteurs majeurs de l’opposition à opérer un rapprochement significatif avec le candidat de la mouvance. Cette prise de position, mûrement argumentée, pourrait ouvrir la voie à d’autres repositionnements dans les mois à venir.
Alors que la présidentielle du 12 avril 2026 approche, ce geste marque peut-être l’un des premiers signes visibles d’une recomposition politique plus large, où les clivages traditionnels pourraient céder la place à de nouveaux équilibres.
