Le Bénin s’apprête à combler une lacune majeure dans sa chaîne judiciaire avec la mise en place du Projet de Renforcement de l’Investigation et de l’Analyse Médicolégale (PRIAM). Ce dispositif vise à pallier l’absence d’un laboratoire autonome d’analyse ADN, qui freine actuellement la résolution d’affaires criminelles complexes et limite la souveraineté de l’État sur la gestion de données sensibles.
Le PRIAM prévoit l’installation d’un laboratoire national modulaire et robotisé de 220 m², entièrement équipé selon les standards internationaux et conçu pour résister aux conditions climatiques locales. L’objectif est de créer un centre opérationnel capable de traiter rapidement et efficacement les échantillons biologiques dans le cadre des enquêtes criminelles, tout en garantissant l’intégrité et la confidentialité des données.
Les équipes techniques bénéficieront d’une formation certifiante pour maîtriser les outils de pointe du laboratoire. Parallèlement, magistrats, officiers de police judiciaire, greffiers et autres experts judiciaires suivront des sessions spécialisées afin de s’approprier les nouvelles méthodes et protocoles d’investigation. Cette démarche vise à renforcer la capacité nationale à conduire des enquêtes scientifiques de bout en bout, de la collecte des preuves à leur analyse en laboratoire.
Un laboratoire européen d’hématologie médico-légale accompagnera le projet pendant deux ans, ceci, pour assurer un transfert de compétences, une assistance opérationnelle et un soutien technique pour l’obtention de l’accréditation ISO 17025. Cette certification internationale est un gage de qualité et de fiabilité scientifique, indispensable pour les expertises judiciaires de haut niveau.
La pleine opérationnalité du laboratoire est attendue dès la première année, tandis que l’accréditation internationale devrait être obtenue au terme de la deuxième. Ce projet représente un tournant pour le Bénin et la sous-région. En effet, il permettra au pays de disposer d’un outil autonome d’analyse ADN, de renforcer l’efficacité de sa justice pénale et d’affirmer sa souveraineté scientifique sur des données stratégiques.